Après les banques, en cours de migration vers l’ISO 20022 depuis mars 2023, les entreprises sont tenues de suivre le mouvement d’ici la fin de l’année (novembre 2025) et de faire évoluer tous leurs flux de paiements au format XML ; les banques passent à l’ISO 20022, et les entreprises devront suivre. Derrière cette standardisation, un défi de taille : garantir l’intégrité des données tout en absorbant une transformation majeure des paiements.
Cette transition ne se résume pas à une simple mise à jour technique : elle redéfinit la manière dont les flux de paiements sont gérés. Mais comment s’y préparer sans tout casser ?

Une révolution… en apparence maîtrisée
Les banques ont déjà amorcé la transition. Depuis mars 2023, elles utilisent le format ISO 20022 pour les paiements transfrontaliers et les messages interbancaires. Ce standard international, développé par l’Organisation internationale de normalisation (ISO), vise à unifier les formats de paiement en remplaçant les anciens messages SWIFT MT (Message Type) par des messages MX (basés sur le langage balisé XML – Extensible Markup Language).
Mais qu’en est-il des entreprises ? Beaucoup fonctionnent encore avec des fichiers MT, comme le MT940 (relevé bancaire électronique) ou le MT101 (ordre de paiement multibanque). Or, cette cohabitation ne durera pas : dès novembre 2026, les corporates devront envoyer et recevoir leurs paiements uniquement en XML.
Un changement technique… et une explosion de la complexité
Connu sous le nom de code CBPR+ (Cross-Border Payments and Reporting Plus), le passage du MT au MX, décidé par un pool d’expert regroupé par SWIFT (guidelines : https://www.swift.com/fr/node/309634) n’est pas une simple conversion. L’ISO 20022 introduit une structuration des données bien plus fine, avec des balises XML permettant de transporter des informations plus riches et plus détaillées.
Par exemple, le réseau SWIFT FIN va basculer sur SWIFT FINplus, qui sera utilisé pour échanger tous les messages ISO 20022, notamment les paiements, les virements de trésorerie, etc. Et les MT101 seront migrés en pain.001.
Autre exemple marquant : les adresses des bénéficiaires et des ordonnateurs. Autrefois contenues en une seule ligne, elles sont aujourd’hui décomposées en plusieurs champs distincts : nom, rue, bâtiment, code postal, ville, pays, et parfois des détails supplémentaires selon les régulations locales. Cette modification est imposée par le European Payments Council (EPC, cf https://www.europeanpaymentscouncil.eu/document-library/guidance-documents/epc-guidance-document-provision-addresses-under-epc-payment pour plus de détails sur les évolutions), qui harmonise les paiements en Europe pour assurer une meilleure transparence et un meilleur contrôle contre la fraude.
Les conséquences pour les entreprises sont immédiates :
- Les ERP et TMS (Treasury Management System) doivent gérer ces nouvelles structures sans perte d’information. Un champ mal restitué peut entraîner des paiements rejetés ou des erreurs de rapprochement comptable.
- Les outils de trésorerie doivent encaisser des volumes de données bien supérieurs. Un relevé MT940 était succinct ; son équivalent XML, le camt.053, peut contenir beaucoup plus d’informations.
- Les trésoriers doivent s’approprier une nouvelle logique. L’époque des fichiers fixes est révolue : l’ISO 20022 impose une structuration flexible et adaptative, mais exigeante en paramétrage.
- Les tests avec les banques deviennent incontournables. Chaque établissement bancaire peut avoir des déclinaisons spécifiques du format ISO 20022, rendant l’harmonisation encore plus complex.
Mode hybride ou bascule directe ?
Pour gérer cette transition, certaines entreprises adoptent un mode hybride, en regroupant plusieurs champs ISO 20022 dans un seul champ au sein de leur ERP (Enterprise Resource Planning) ou TMS (Treasury Management System). Cette approche permet une transition progressive tout en limitant l’impact initial sur leurs systèmes d’information.
L’avantage ? Un passage en douceur, avec des conversions automatiques dans l’ERP ou le TMS pour simuler l’ancien format MT tout en envoyant techniquement du MX aux banques. Mais cette approche peut devenir un piège si elle est mal maîtrisée : les erreurs de mappage ou les pertes de données peuvent compliquer l’adoption totale d’ISO 20022.
D’autres préfèrent une migration complète, avec une intégration native des formats XML. Cette stratégie est plus complexe à court terme mais garantit une totale compatibilité avec les exigences bancaires et réglementaires dès novembre 2026 et à l’international.
Une réponse adaptée : un TMS prêt pour l’ISO 20022
Des impacts bien au-delà du format
Cette migration ne se limite pas à une contrainte technique. L’ISO 20022 impacte directement la gestion des paiements, la réconciliation comptable et même la conformité réglementaire.
- Amélioration du rapprochement bancaire : Avec des informations plus détaillées, les entreprises peuvent automatiser une part plus importante du rapprochement entre paiements et factures.
- Renforcement de la conformité : La structuration des données facilite les contrôles AML (Anti-Money Laundering) et lutte contre la fraude.
- Optimisation des processus de cash management : Une meilleure granularité des informations améliore la gestion des liquidités et permet des prévisions de trésorerie plus précises.
- Réduction des frais bancaires : Certains frais sont liés aux opérations nécessitant des corrections manuelles ; l’automatisation et la standardisation peuvent réduire ces coûts.
Novembre 2026, c’est demain
Chaque jour perdu complique la transition. D’ici novembre 2026, les paiements MT disparaîtront, et le XML deviendra la norme.
Certaines entreprises ont déjà amorcé leur transition et testent leurs nouveaux formats avec leurs partenaires bancaires.
D’autres attendent encore, espérant une solution miracle ou un délai supplémentaire.
La vraie question n’est plus de savoir si la migration aura lieu, mais comment elle sera gérée.
La migration ISO 20022 est un projet complexe, mais pas insurmontable. Les entreprises qui s’y préparent dès maintenant ont tout à gagner.
Mais la question reste ouverte : vos outils actuels (TMS, ERP…) sont-ils capables de gérer cette transition sans nécessiter des paramétrages lourds et coûteux ?
Et vous ?
La migration ISO 20022 est une révolution pour les paiements des entreprises. Elle impose des changements techniques majeurs, mais elle offre aussi des opportunités inédites. Les entreprises qui s’y préparent dès maintenant ont tout à gagner. Et vous, êtes-vous prêt ?