S’adapter à l’environnement post-Brexit
Le Brexit a apporté plusieurs défis pour les trésoriers d’entreprise, notamment en termes de volatilité des taux de change, de gestion de trésorerie, de risque de contrepartie et de financement. Ces dernières années, la livre sterling est devenue difficile à contrôler, son cours étant fortement influencé par l’évolution des négociations sur le Brexit. Depuis la confirmation officielle de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) le 31 janvier 2020, les conséquences se sont particulièrement intensifiées.
L’environnement post-Brexit pousse les trésoriers à repenser leurs processus et à réévaluer l’exposition de l’entreprise aux risques de trésorerie.
Parmi leurs réflexions, un examen des relations avec les banques et autres institutions financières est en cours, afin de tenir compte des effets du Brexit sur leurs filiales et partenaires, en matière juridique et réglementaire, ainsi que des nouveaux dispositifs financiers. En effet, cette sortie de l’UE pourrait offrir une opportunité aux prestataires britanniques de services financiers et de financement de revoir leurs offres (simplification, tarification…) afin de concurrencer les acteurs européens et potentiellement devenir un centre financier offshore.
Se préparer à la transition vers les taux sans risque (RFRs)
La future disparition des principaux taux de référence sur les marchés interbancaires (ex. LIBOR) entraînera l’adoption de nouveaux taux alternatifs. Ainsi, les trésoriers et leurs fournisseurs de Systèmes de Gestion de Trésorerie (TMS) devront s’adapter à de nouveaux taux de référence (SOFR aux États-Unis, SONIA au Royaume-Uni, ESTER dans l’UE, etc.), impactant de nombreux instruments financiers (obligations, prêts, dérivés, billets de trésorerie, dépôts, etc.). Les trésoriers tendent déjà à réduire leur utilisation du Libor, le remplaçant si possible par les RFRs, afin de limiter les impacts contractuels futurs et les coûts associés.
Cette transition pourrait entraîner des modifications dans la tarification et la valorisation des instruments financiers, avec une volatilité accrue à court terme, nécessitant un ajustement des courbes de données de marché et une mise à jour des systèmes de gestion de trésorerie (TMS) intégrés. Ce type de logiciel est utilisé, entre autres, pour le calcul des intérêts et les traitements comptables : calcul de la juste valeur (IFRS 13), comptabilité de couverture (IAS 39 / IFRS 9), etc.
De plus, l’impact sur les stratégies et processus de gestion de trésorerie des entreprises sera difficile à cerner, notamment en ce qui concerne les cash pools ou les prêts intra-groupe, dont le taux d’intérêt est souvent calculé sur la base du Libor et non des taux sans risque. Lors d’une interview avec l’AFP (Association for Financial Professionals) en 2018, le directeur des services financiers chez Oliver Wyman évoque les produits les plus exposés au Libor et donne des conseils aux trésoriers sur l’adaptation à cette transition.
Bien que la Financial Conduct Authority (FCA) au Royaume-Uni ait confirmé que l’échéance de 2021 pour la transition reste en vigueur, les trésoriers souhaitent repousser cet objectif, la pandémie de Covid-19 rendant la transition encore plus difficile. En conséquence de ces désaccords, la date réelle de report n’a pas encore été définitivement fixée. Par ailleurs, les banques, déjà confrontées à des difficultés dans la fourniture de certains services pendant cette période, sont réticentes à effectuer la transition vers les nouveaux RFRs dans des délais aussi courts.
Vers une gestion de trésorerie plus dynamique grâce aux paiements instantanés ?
Alors que les clients finaux réclament des paiements plus fluides et plus efficaces, il est très probable que les paiements instantanés (ou en temps réel) se développent, faisant du département trésorerie un partenaire clé dans le développement de l’expérience client, du marketing et des modèles d’affaires des entreprises. Selon le secteur d’activité et la culture d’entreprise, l’adoption des paiements instantanés peut être plus ou moins contraignante. Par exemple, les trésoriers dans un marché B2C devraient adopter les paiements instantanés plus rapidement en raison de la nature de leurs consommateurs, attirés par de nouveaux modes de consommation offrant remboursement après-vente instantané, livraison rapide, paiement facile, etc.
Cette transition implique pour les entreprises d’adapter leur système d’information de trésorerie. La capacité d’exécuter et de gérer des paiements instantanés avec leur banque, via API ou EDI, nécessite la mise en place de nouveaux canaux de communication bancaire. Ce logiciel doit également inclure des processus connexes tels que la comptabilisation automatique des paiements entrants sur le compte client, les rapprochements instantanés et la gestion des relevés de compte intrajournaliers.
La crise liée au COVID-19
Bien que la pandémie de COVID-19 n’ait pas fondamentalement modifié les missions et l’organisation des départements de trésorerie des entreprises, en partie grâce à la démocratisation du télétravail, la pression sur la gestion de trésorerie et la recherche d’investissements sûrs s’est intensifiée.
Après les premiers défauts de paiement en Chine, où les premiers cas de contamination ont été détectés, le problème s’est propagé aux entreprises du monde entier et à leurs fournisseurs, au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie, avec un impact considérable sur les flux de trésorerie. Les bilans révélés par l’enquête Rexecode auprès des trésoriers des ETI et des grandes entreprises françaises montrent que la situation de trésorerie n’a jamais été aussi mauvaise.
Par conséquent, des changements fondamentaux dans les stratégies de financement et d’investissement pourraient émerger, les banques restant prêtes à soutenir les entreprises dans leurs stratégies financières, mais à des conditions moins avantageuses qu’avant la crise.
